Journal Révolution Prolétarienne, Cote d’Ivoire
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L’Avenir Des Despotes Fabriques Par l’Impérialisme: Le Cas du Liber

Posté le 03 septembre 2003 par La Rédaction

Jean Claude Abadys

Les milliers de morts au Libéria (on parle de plus de 200 mille morts dans un pays qui ne compte pas plus de 5 millions d’habitants) interpellent la conscience humaine face aux menées criminelles des impérialistes.

On doit se poser les questions suivantes: Pourquoi le Libéria, pays de «paix» au temps des Tubman, Tolbert balance brusquement dans la violence? Quelles sont les raisons d’un tel effondrement? Quels sont les enjeux des différents affrontements entre les fractions bourgeoises? Quelles leçons pour les peuples?

Certainement, que les afro américains qui ont dirigé d’une main de fer les autochtones qu’ils ont trouvés sur place au moment de la création du Libéria ne comprennent pas ce qui se passe aujourd’hui sur leur terre d’accueil. Mais, les faits sociaux ont une origine et une explication. Pendant plus de 100 ans, les afro américains qui servaient de suppôts à la domination de l’impérialisme américains dans cette zone de l’Afrique de l’Ouest, ont exploité les richesses et les peuples du Libéria avec en prime le mépris et l’arrogance d’esclavagistes à rebours. Les indigènes dont sont issus la plupart des putschistes qui se sont emparé du pouvoir par un coup d’État sanglant au cours duquel furent tués les dignitaires du régime déchu, exprimaient là des rancœurs accumulées depuis des générations. Le coup d’État de SAMUEL DOE et de ses compagnons s’est accompagné d’un régime despotique et autocratique. Il y eut des arrestations arbitraires et la répression contre les masses populaires; cela isola davantage le nouvel autocrate. L’instabilité du régime aiguisa les appétits des différents groupes monopolistes en embuscade, qui, convoitant les richesses libériennes, trouvèrent des bras armés pour susciter des rébellions. Des régimes de la sous région pour leurs propres intérêts et ceux de groupes monopolistes furent les appuis extérieurs de ces fractions armées qui ont martyrisé le peuple libérien depuis plus de 14 ans. La déstabilisation du Libéria s’est étendue en SIERRA LEONE avec la rébellion du RUF. Taylor soutenu par des régimes bien connus de la sous région (Côte d’Ivoire, Burkina Faso), poursuivit une politique de pillage des richesses de son pays et devint un soutien actif des groupes rebelles de la Guinée et de la Sierra Léone.

L’impérialisme anglo américain, important soutien au régime guinéen et sierra-léonais, prit sous le couvert de l’ONU et de la CEDEAO, les opérations de stabilisation en mains et mit au pas la rébellion sierra léonaise en même temps que celle de la Guinée fut matée.

Des mouvements armés, suscités et soutenus par la Guinée et l’impérialisme américain occupèrent une bonne partie du Libéria. Dans le même temps, l’impérialisme international sous la houlette de l’impérialisme américain impose un embargo sur le régime de Taylor.

L’implication des fractions armées libériennes de Taylor dans la crise ivoirienne a servi de prétexte à l’impérialisme américain pour faire geler les avoirs bancaires extérieurs de Taylor et de ses compagnons et pour exiger son départ. Les groupes armés, le LURD et le MODEL, soutenus par les régimes guinéens et ivoiriens devaient donner l’estocade à Taylor s’il refusait de partir. Il est donc parti comme voulu par l’impérialisme américain.

Quelles leçons pourrons-nous tirer de la situation au Libéria ?

1° Les pouvoirs pro impérialistes, anti-démocratiques et despotiques comme ceux des TUBMAN et TOLBERT sont insupportables. L’essentiel n’est pas le remplacement du despote, car il faut une politique alternative fondée sur les intérêts de classes des classes sociales susceptibles de sortir les pays des griffes de l’impérialisme. Les coups d’Etat peuvent provenir de fractions marginalisées qui s’appuient sur les méfaits des politiques anti-populaires pour réaliser des coups d’Etat qui les hissent à la tête de l’Etat sans remise en cause des intérêts impérialistes dominants; ou alors ils font le coup d’Etat avec la complicité d’autres groupes monopolistes pour le repartage des richesses des pays néo-coloniaux.

2° Les contradictions inter impérialistes demeurent la toile de fond des guerres en Afrique. Les impérialistes sous les slogans de la solidarité cachent mal la lutte farouche entre eux pour préserver ou conquérir des marchés, des zones d’influence. Au moment où le LURD et le MODEL étaient sur le point de l’emporter, malgré les massacres commis par eux, les Américains sont restés insensibles à la souffrance du peuple libérien. Leur souci principal était le départ de Taylor, qui probablement lorgnait vers d’autres puissances impérialistes.

3° Les peuples ne sont pas condamnés à subir les impérialistes et les régimes despotiques qui les soutiennent. Une autre politique est possible dont les contours sont à trouver de l’intérieur même du système social actuel. L’impérialisme est, dit Lénine, le stade suprême du capitalisme ; il dit aussi, qu’on peut caractériser l’impérialisme comme un capitalisme de transition ou plus exactement, un capitalisme agonisant. Le capitalisme a engendré la force sociale qui va l’ensevelir, c’est le prolétariat. Toutes les solutions petites bourgeoises retardent la chute du capitalisme. Les guerres locales font partie des moyens de survie du système impérialiste. A l’époque de l’impérialisme, c’est la révolution du prolétariat qui seule pourra conjurer les guerres fratricides dont les peuples dépendants sont les victimes.

4° Les cas du genre TAYLOR ou PATASSE seront monnaie courante car après avoir servi les impérialistes à un moment donné, ils seront lâchés par eux, jetés en pâture et abandonnés comme des citrons pressés. Tel est le sort de chacun de nos despotes.

J.C.A

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