Prolétaires de tous les pays, unissez-vous

Déclaration du PCRCI et du PCRV sur la Xénophobie et le Chauvinisme en Cote D'Ivoire

Le vent de xénophobie qui balaie la Côte d'Ivoire depuis 1993 a atteint, à l'heure actuelle, une violence jamais égalée dans ce pays. Certains hommes politiques bourgeois ont décidé de recourir à la xénophobie comme moyen privilégié d'accès et de conservation du pouvoir. Portée à la caricature par les tenants actuels du pouvoir qui tentent de la théoriser, cette idéologie identitaire est devenue leur seule arme de combat contre Alassane Dramane Ouattara. Incapables de mener ce combat avec des arguments rationnels, qui ne manquent pourtant pas, ils ont décidé de lui coller l'épithète étranger, spécialement burkinabè.

Nul n'ignore en effet que la Côte d'Ivoire héberge de nombreux ressortissants étrangers dont plus de trois millions de ressortissants burkinabè. Il est facile, dans ces conditions actuelles de crise capitaliste aiguë, de les présenter comme des boucs émissaires, à l'origine de la misère des ivoiriens. Présenter par tous les moyens à la limite de la décence et de l'éthique, Ouattara comme ressortissant burkinabè qui chercherait à usurper le poste de président de la République de Côte d'Ivoire au détriment des "vrais ivoiriens" ne peut qu'exciter des sentiments de répulsion et de haine chez les personnes qui souffrent mais qui ignorent la cause réelle de leur souffrance. Cette manipulation est à la portée de n'importe quel démagogue. Voilà la ligne de défense des tenants actuels du pouvoir qui utilisent le tribalisme et la xénophobie pour écarter des adversaires politiques.

Les burkinabè de Côte d'Ivoire et les autres ressortissants étrangers sont victimes des conflits entre clans bourgeois dont les intérêts leur sont étrangers. Mas les nouveaux tenants du pouvoir ne sont pas prêts à renoncer à leur politique. Selon eux, le rejet de l'étranger est "un phénomène de société en Côte d'Ivoire" dont l'exploitation politicienne peut leur permettre de conserver le pouvoir et notamment d'éliminer à jamais Ouattara, leur ennemi juré, de tout processus politique dans ce pays.

Le gouvernement de Blaise Compaoré, comme à son habitude, demeure muet et attentiste face aux événements douloureux que vivent es burkinabè de Côte d'Ivoire. On peut expliquer cela par le fait que les gouvernements des deux pays n'ont que très peu d'égard pour la vie et la dignité humaine. Les deux gouvernements ont déjà à leur actif de nombreux crimes politiques et sont donc, dans le fond, de même nature.

Les conséquences de cette situation sont nombreuses : vindicte populaire contre les communautés étrangères, notamment burkinabè, destruction de biens et extorsions de fonds appartenant à leurs membres, tracasseries policières, humiliations de toutes sortes, sévices corporels, tueries. Le bilan des exactions contre ces communautés, à 'appel du pouvoir social-chauvin de Gbagbo reste à faire. Cela permettra d'apprécier l'ampleur du désastre.

Le Parti Communiste Révolutionnaire de Côte d'Ivoire (PCRCI) et le Parti Communiste Révolutionnaire Voltaïque (PCRV), très préoccupés par cette situation:

1°) expriment leur indignation et réprobation face à cette politique social-chauvine du gouvernement ivoirien, l'attitude complice du gouvernement burkinabè et de l'impérialisme français, leur maître;

2°) condamnent la violente répression pratiquée par le gouvernement xénophobe ivoirien et exigent l'arrêt immédiat des exactions contre les ressortissants des différents pays africains, notamment les ressortissants burkinabè;

3°) exigent que toute la lumière soit faite sur les conséquences des événements politiques en cours et des violences qu'elles engendrent;

4°) appellent la classe ouvrière et les travailleurs ivoiriens à s'abstenir de toutes exactions contre les travailleurs burkinabè des villes et des champs vivant en Côte d'Ivoire et de manière générale, contre tous les ressortissants étrangers ;

5°) appellent la classe ouvrière et le peuple burkinabè à s'abstenir de toute attitude cha uvine et revancharde et de toute forme de représailles contre les ressortissants ivoiriens vivant au Burkina Faso ;

6°) invitent les travailleurs originaires des deux pays à déjouer les manœuvres machiavéliques du pouvoir Gbagbo qui incite à la haine contre l'étranger dans sa compétition avec Alassane Dramane Ouattara ;

7°) en appellent à la vigilance, à la solidarité effective des travailleurs ivoiriens et burkinabè dans leur lutte contre leurs ennemis communs : le régime fascisant de Blaise Compaoré, le régime social-chauvin de Laurent Gbagbo et 'impérialisme français qui sont à la base de leur misère.

Vive l'internationalisme prolétarien

Abidjan, Décembre 2000

Le Comité Central du PCRCI
Le Comité Central du PCRV

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