Abidjan, le 30 mars 2004

Déclaration du Parti Communiste Révolutionnaire de Côte d'Ivoire

Des dizaines de morts (37 selon le pouvoir, 350 selon les organisateurs de la manifestation), des centaines de disparus, des centaines de blessés et de nombreuses violations de domicile! Tel est le bilan de la répression, par le pouvoir, de la manifestation organisée par certains partis signataires de l'accord de Linas-Marcoussis, qui voulaient exprimer leur mécontentement face à la manière dont le président de la république gère lesdits accords. Cette marche, comme d'habitude, avait été interdite au motif qu'il s'agissait d'un projet insurrectionnel. De ce point de vue d'ailleurs, les pouvoirs bourgeois se suivent et se ressemblent dans notre pays. En effet, depuis 1990, rares sont les manifestations derrière lesquelles les tenants du pouvoir n'ont pas vu un projet de "déstabilisation des institutions de la république". Le bâillonnement des libertés reste donc la tendance lourde des pratiques politiques en Côte d'Ivoire et les promesses de démocratie et de liberté pour le peuple ivoirien sont loin de se réaliser. Les tenants du pouvoir viennent de crier à nouveau à la déstabilisation et, une fois encore, le peuple ivoirien vit un drame. Toutes les tentatives de maquillage par les appareils de propagande du pouvoir ne peuvent cacher la triste réalité du bain de sang qui vient de se produire.

Le Parti Communiste Révolutionnaire de Côte d'Ivoire est profondément attristé par cette tuerie que rien ne justifie et qui choque la conscience humaine. Le Parti Communiste Révolutionnaire de Côte d'Ivoire s'incline devant la mémoire de tous ces jeunes morts pour avoir tout simplement voulu jouir de leurs droits de citoyens en participant à une manifestation pacifique. Il souhaite un prompt rétablissement aux centaines de blessés et exprime ses encouragements à tous ceux qui ont été brutalisés et violentés d'une manière ou d'une autre.

Dans son adresse à la nation du vendredi 26 mars 2004, le président de la république promet de faire la lumière sur ces événements. Les organisateurs de la manifestation, de leur côté, demandent la mise en place d'une commission d'enquête internationale dans le même but, celui de faire la lumière sur ce qui s'est passé. Le comité de suivi des accords de Linas-Marcoussis ne dit pas autre chose.

Pour éviter la réédition des promesses sans suite, le peuple ivoirien doit veiller à ce que la lumière promise et demandée soit effectivement faite. Dans ce sens, le Parti Communiste Révolutionnaire de Côte d'Ivoire entend se joindre à toute initiative qui tend à exiger du pouvoir de réaliser cette promesse qu'il vient de faire et apporte son soutien à la demande d'une commission internationale faite par les organisateurs de la manifestation et le comité de suivi des accords.

Le Parti Communiste Révolutionnaire de Côte d'Ivoire estime que les libertés, la démocratie et les droits humains sont de jour en jour mis à mal en Côte d'Ivoire. La répression est aux portes de chaque citoyen libre, de chaque foyer, de chaque communauté ethnique ou religieuse. La seule possibilité d'y échapper est de soutenir le pouvoir FPI ou de garder le silence. Ainsi la Côte d'Ivoire est entrée de plain-pied dans un Etat de non-droit. Cela appelle de la part des démocrates et de tous ceux qui sont épris de justice et de liberté à s'organiser pour conquérir, comme en 1990, le droit à la liberté de penser et de s'organiser, pour la défense de la démocratie et des droits humains.

En conséquence, le Parti Communiste Révolutionnaire de Côte d'Ivoire condamne la répression du 25 mars et lance un appel pressant aux démocrates, aux masses ouvrières et paysannes, à la jeunesse, pour qu'ils s'engagent avec lui dans la lutte pour l'avènement d'une République Démocratique et Moderne.

Pour le Comité Central
Le Secrétaire Général, EKISSI Achy

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